Patricia Lee Smith dite Patti Smith est une chanteuse et musicienne de rock, poète, peintre et photographe américaine. Mariant la poésie Beat avec le garage rock des années 1960 et 1970, elle est considérée comme la « marraine » du mouvement punk.
Fille d’immigrés irlandais, elle a reçu une éducation religieuse stricte (sa mère était témoin de Jéhovah), dont elle s’est éloignée à l’adolescence. Elle dit d’ailleurs, dans sa reprise du Gloria de Them, « Dieu est mort pour les péchés de quelqu’un, mais pas pour les miens ».
Elle a été très influencée par le photographe Robert Mapplethorpe, avec qui elle a entretenu une relation passionnée. Avant de former son groupe, elle a failli devenir chanteuse de Blue Oyster Cult, groupe pour lequel elle a d’ailleurs écrit plusieurs textes de chansons.
(Source : Wikipédia)
« Patti smith fait du slam avant l’heure. Elle débite. Elle éjacule ses phrases comme des obus en direction des auditeurs. »
(Etienne Ethaire, parlant de Babelogue dans son livre Camion blanc : Patti Smith, fille de Rimbaud).
Ces deux morceaux, le monologue Babelogue introduisant la chanson Rock and roll nigger, sont extraits de l’album Easter (1978), qui a constitué mon introduction à l’oeuvre de cette artiste (et qui reste mon préféré).
Bébélogue
Je n’ai pas beaucoup baisé par le passé,
Mais j’ai beaucoup déconné avec l’avenir.
Sur la peau de soie se trouvent les cicatrices
Des échardes des postes (de police)
Et des murs que j’ai caressés.
La scène est comme un verrou de bois,
Comme une bûche d’Hélène (1), c’est mon plaisir.
Je mesurais la réussite d’une nuit
A la façon, à la façon, à la quantité de pisse et de semence
Que je pouvais exsuder des colonnes où se nichait la P.A. (2)
Certains soirs, je surprenais tout le monde en disparaissant,
Vêtue d’une jupe en filet vert, sur laquelle était cousus
Des cercles plats et métalliques qui éblouissaient et étincelaient.
Les lumières étaient violettes et blanches.
Je possédais un voile ornemental, mais je ne supportais pas de le porter.
Quand j’avais les cheveux courts, je crevais d’envie de me couvrir le crâne,
Mais, à présent, mes cheveux eux-mêmes forment un voile,
Et le cuir chevelu est celui d’un
Comanche fou et endormi
Allongé sous le filet de la peau.
Je me réveille. Je suis paisiblement allongée,
Je suis paisiblement allongée, et mes genoux s’ouvrent au soleil.
Je le désire, et il est tout à fait prêt à me prendre.
Je suis Musulmane de cœur ;
Je suis Américaine de cœur ;
Je suis Musulmane de cœur,
De cœur, je suis une artiste américaine,
Et je ne me sens pas coupable.
Je recherche le plaisir.
Je recherche les nerfs sous ta peau.
L’arche étroit ; les strates ;
le rouleau de laitue ancienne.
Nous idolâtrons l’imperfection, le ventre, le ventre,
Le grain de beauté sur le ventre d’une putain exquise.
Il a épargné l’enfant et a gâté la tige.
Je ne me suis pas vendue à Dieu.
(1) Beaucoup de fans ont essayé de traduire cette chanson ; peu y sont arrivés. Patti semble ici jouer sur les mots bolt, qui peut désigner un verrou comme un plug anal, et log, qui signifie bûche, mais aussi journal. La Hélène dont elle parle est membre du groupe Helen Wheels ; elle et Patti se sont souvent répondu par le biais de chansons, pour exorciser la dépendance textuelle qu’elles nourrissaient l’une pour l’autre.
(2) J’ai beaucoup de mal à traduire cette phrase, sans savoir exactement quel sens Patti donnait à P.A. Je pense finalement qu’il ne s’agit pas de l’abbréviation de Pennsylvania ou Personal Announcement (system), mais qu’elle parle de son sexe (et que les colonnes sont donc ses jambes).