Né d’un échange épistolaire datant de 1934 avec un ami de longue date de Fritz Leiber, Harry Otto Fischer, ce duo hétéroclite – vaguement inspiré de ces deux personnes réelles – est devenu l’un des plus influents et adulés de l’heroic fantasy. Et quel couple plus inattendu en effet que ce barbare du Nord et cet ancien apprenti magicien de la ville ?
Doté d’un esprit vif dans un corps de géant, Fafhrd incarnera autant les muscles que la raison, apportant l’équilibre à la fantaisie créatrice, souvent impulsive, du Souricier. Portés sur le vol, les deux acolytes vont mettre en commun leurs talents complémentaires dans des emplois de cambrioleurs et de mercenaires, pour des résultats souvent comiques.
La ville de Lankhmar et le monde de Nehwon constituent un troisième personnage important de la série. Constituée d’un patchwork d’allées sombres, de bazars et de temples, dirigée par des guildes capricieuses et entourées de mystère, l’amorale Lankmar est un mélange fétide d’ordinaire et d’exotique, d’opulence et de taudis, une métropole dickensienne bordée de parcs industriels en permanence noyés dans le smog. Le royaume de Nehwon est doté de portails vers des univers parallèles, où la notion du temps devient floue. Des créatures immortelles et d’anciens dieux sillonnent ce monde, des sorciers aussi puissants qu’incompétents interfèrent dans les affaires des hommes (et tout particulièrement dans celles de nos héros) et la Mort y place ses collets. Les fans de Brust ou Pratchett y reconnaîtront les précurseurs de Dragaera et Adrilankha, du Discworld et d’Ankh-Morpork. China Miévile, John Marco, Raymond Feist, Michael Moorcock ou Neil Gaiman, tous reconnaissent Leiber comme leur père spirituel.
La première nouvelle du cycle – chronologiquement, vu qu’elles sont à l’origine parues dans le désordre en plus de cinq décennies – introduit le personnage de Fafhrd, un barbare des steppes tombé amoureux d’une danseuse et prostituée du Sud, qui, enflammé par les contes de Vlana parlant de Lankhmar, devra trouver le moyen d’échapper à sa société matriarcale pour s’y rendre. Il s’agit plus d’une tranche de vie que d’un récit à proprement parler, nous permettant de découvrir Fafhrd tel qu’il était pré-Souricier. La seconde nous présente ce dernier, affublé à l’époque d’un autre patronyme et apprenti du sorcier Glavas Rho, qui use illégalement de magie sur les terres du duc Janarl. Rentrant d’un pèlerinage pour trouver son maître décédé et découvrir les geôles de Janarl, le Souricier devra choisir entre le bien et le mal. La nouvelle suivante, qui verra les deux héros se rencontrer pour la première fois, mérite largement ses prix Hugo et Nebula. Ayant collaboré par hasard, Fafhrd et le Souricier comprennent les avantages qu’ils pourraient tirer d’une association et s’attaquent conjointement à la Guilde des Voleurs. Mais la riposte de Krovas, Grand Maître de la Guilde, sera terrible !
Après un deuxième tome moins mémorable, les choses sérieuses reprennent avec Mauvaise rencontre à Lankhmar, parodie bilieuse de la religion, dans laquelle le Souricier vend son épée à un raquetteur, alors que Fafhrd renonce au monde matériel pour se lier à une secte mineure et appauvrie. Les autres récits introduiront plusieurs personnages importants de la série, Ourph le Mingol et la triple déesse de Grave. Le quatrième tome fait partie des meilleurs, parlant de mésalliance avec des immortels, des tracas causés par les amours paternel et fraternel (sans oublier ceux des esclaves).
Vient ensuite le seul roman de la série, qui constitue la meilleure fable sur les relations humains-rongeurs depuis Le joueur de flûte de Hamelin. Leiber crée un monde souterrain, reflet du Lankhmar de la surface et peuplé de rats, que va découvrir le Souricier, après avoir ingéré une potion censée l’aider à enquêter sur une mystérieuse épidémie de rats. Réduit à la taille d’un rongeur, notre héro va alors tomber follement amoureux d’une hybride humaine-ratte, ce qui ne lui facilitera pas les choses.
Malheureusement, quatre des huit nouvelles composant le recueil La Magie des Glaces font partie des plus faibles de la série, même si c’est dans ce volume que sont introduits le Monstre de Glace et l’Île de Givre, préludes à trois aventures du dernier tome de la série.
Les cinq récits composant celui-ci prennent leurs distances avec Lankhmar et les précédentes aventures de notre duo, tant par leur localisation différente, que par leur ton et leur organisation. Plus linéaires et ordonnées chronologiquement, ces récits forment un tout cohérent, dans lequel nos héros tentent de prendre leur retraite, mais se retrouvent obligés de sauver l’île de Givre non seulement d’une invasion de Mingols, mais aussi d’une querelle de famille entre les dieux Odin et Loki. Bien qu’il manque dans l’apparition de ces derniers dieux la délicieuse originalité et les idiosyncracies des panthéons précédents (et ultérieurs) de Leiber, nous avons néanmoins ici des histoires fortement charpentées, aux scénarii plus touffus. En outre, le vieillissement du duo ajoute une dimension supplémentaire aux personnages.
Le Cycle des épées est un cycle d’heroic fantasy qui raconte les aventures de Fafhrd et du Souricier Gris au travers du monde de Newhon. Ce cycle a été créé en 1934 par Fritz Leiber, un écrivain de fantasy, qui aurait inventé le terme « sword and sorcery ». Leiber a consacré une grande partie de sa vie à ce cycle, qu’il a toujours gardé en tête et sur lequel il a beaucoup travaillé. Il est composé de :
Épées et Démons (Swords and Deviltry)
Épées et Mort (Swords Against Death)
Épées et Brumes (Swords in the Mist)
Épées et Sorciers (Swords Against Wizardry)
Le Royaume de Lankhmar (Swords of Lankhmar) – seul roman du cycle, les autres étant composés de nouvelles.
La Magie des glaces (Swords and Ice Magic)
Le Crépuscule des épées (The Knight and Knave of Swords)
Source : wikipédia