Archives mensuelles : juillet 2018

L’oreille interne

Résumé de l’éditeur :
David Selig, Juif new-yorkais d’une quarantaine d’années, se considère comme un raté. Il est pourtant télépathe et pourrait profiter de ce don pour faire fortune, conquérir – et garder ! – les plus belles femmes… Mais non, rien à faire, il estime être un monstre tout juste bon à faire le nègre sur des devoirs d’étudiants, incapable de réussir sa vie. La dernière preuve en date : ce talent qu’il déteste tant, mais qui est finalement son seul lien avec le reste de l’humanité, est en train de le quitter ! Apeuré à l’idée de se retrouver seul avec lui même, Selig nous conte sa misérable existence. Grand roman psychologique, plein d’humour et de mélancolie, L’oreille interne est peut-être le plus beau livre de Robert Silverberg et à coup sûr un chef-d’œuvre de la science-fiction.

David Selig est un raté. Quadragénaire discret, célibataire, il gagne péniblement sa vie en faisant le nègre pour des étudiants fainéants. Il avait pourtant tout pour réussir, un don miraculeux, un pouvoir que bien des humains jalouseraient : Selig est télépathe. Il entend tout ce qui se passe dans la tête des gens qui l’entourent.

Depuis tout petit, il sait tout de nos mauvais jugements, de nos désirs honteux, de nos méchancetés secrètes. Son don aurait pu être pour lui un atout extraordinaire. D’ailleurs, il en a profité quelques fois, mais cela lui a joué des tours. Et les scrupules l’ont rattrapé. David se considère comme un paria, un voyeur qui, malgré lui, regarde à l’intérieur de la tête de ses contemporains, un monstre!

Comme il est difficile de sonder les pensées de la jeune femme qui vous côtoie dans le métro et de constater qu’elle ne vous a même pas remarqué. Comme il est violent d’entendre son camarade de classe penser très fort qu’il a envie de vous mettre son poing dans la gueule!

A sept ans et demi, Selig s’est retrouvé chez le psychiatre. Trop intelligent, trop malin, déroutant pour les adultes, ce gamin qui comprend tout si vite. Mais il s’est bien gardé de livrer son secret. Personne ne sait, personne ne doit savoir. Pas même ses parents.

Les rencontres de Selig l’ont conforté dans son mal-être : il y a cet autre mutant, qui fut son ami – mais dont l’assurance impertinente s’accompagnait d’une absence totale de scrupules. Il y a sa soeur, Judith, avec qui il n’a eu longtemps qu’un rapport haineux, voire destructeur. Il y a les femmes, toutes ces femmes que malgré son don il n’a pas su comprendre, ni garder.

Son don, Selig l’a toute sa vie vécu comme une tare. Mais alors quelle est cette inquiétude sourde qui l’envahit lorsque la quarantaine entamée, son pouvoir commence petit à petit à faiblir ?
Je suis entièrement d’accord avec les notes de l’éditeur : ce livre est un chef d’oeuvre de la science-fiction et l’un de mes préférés de Silverberg (et si je n’ai pas lu 50 livres de Silverberg, je n’en ai pas lu un.)

Superbement traduit par Guy Abadia – même le titre français est meilleur que la « Mort intérieure » de la VO –  poignant, émouvant, parfois désespérant ou énervant car, étrangement, on se met très vite dans la peau de Selig, qui est pourtant doté d’un super-pouvoir qui devrait nous le rendre alien. Une belle étude sur la différence, une fin … apaisante.

Je le rachète régulièrement, pour ensuite l’offrir et recommencer le cycle quelques années plus tard. Fait partie des 20 livres que j’emmènerais sur une île déserte.

Extrait

L’oreille interne, roman de Robert Silverberg
Titre original : Dying inside
Traduction de Guy Abadia.

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Classé dans Roman, SF

Quand Harry rencontre Sally (Rob Reiner, 1989)

 

Harry & Sally se sont rencontrés une première fois à la sortie de l’université, lors d’un covoiturage les menant à la Grosse Pomme. Il ne fut clairement pas question de coup de foudre et lorsque, cinq ans plus tard, Sally et son compagnon du moment le croisent par hasard à l’aéroport, Sally est ravie que Harry ne la reconnaisse pas.

Cinq autres années s’écoulent, durant lesquelles Harry connaîtra le mariage, puis le divorce, Sally ayant elle-même une longue relation qui se conclura par un échec, avant qu’ils ne se croisent à nouveau, dans une librairie cette fois.

Cette troisième rencontre sera la bonne : devenus amis, ils se confient leurs secrets d’alcôve et se consolent dans les moments difficiles. Puis, un beau jour, l’inévitable se produit et ils couchent ensemble. Mais rien n’est simple dans la vie et beaucoup d’eau coulera encore sous le pont George Washington avant que Harry et Sally finissent par admettre qu’ils sont tombés amoureux l’un de l’autre.

Ma comédie romantique préférée – et je ne suis normalement pas fan du genre – avec une Meg Ryan plus craquante que jamais, notamment dans cette scène mythique où elle simule l’orgasme. Billy Crystal est tout bonnement épatant – je ne l’avais jamais vu au cinéma auparavant, car il est plutôt un one man showman d’ordinaire. Carrie Fisher (la princesse Leïa de Star Wars) et Bruno Kirby sont très bons en seconds rôles, la musique est bien choisie, mais ce sont surtout les dialogues fins et savoureux de Nora Ephron (d’ailleurs récompensés d’un oscar) qui font de cette comédie romantique un film qui peut très facilement être apprécié par les deux sexes. Autre très bonne idée du scénario : entrecouper les passages où l’on voit Harry ou Sally à l’écran de scènes où un vieux couple explique comment il s’est formé.

Je vous conseille (comme toujours) la version originale sous-titrée, même si les doublages ne sont pour une fois pas mal. A voir, par exemple, ici.

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Classé dans Cinéma

Le livre du nouveau soleil (Gene Wolfe)

 

Cloîtré depuis l’enfance entre les murs austères de la tour Matachine, l’apprenti bourreau Sévérian ignore tout des ruelles bruissantes de Nessus et, au-delà, des merveilles et dangers de la planète Teur… jusqu’au jour de son bannissement. Car l’amour que lui inspire la trop belle Thècle, condamnée à la question, l’amène à trahir ses maîtres. Exilé dans une lointaine province, c’est seulement armé de son étrange épée – Terminus Est (c’est fini en latin) – qu’il devra affronter son destin.

Severian est aussi doté d’une mémoire eidétique. Cette incapacité à oublier le moindre événement mineur de son existence est aussi une malédiction. Sur cette terre post-nucléaire revenue à des technologies quasi médiévales, nous allons suivre son parcours, jusqu’à ce qu’il devienne dirigeant suprême de Teur.

Situé à la frontière Fantasy-SF, cet oeuvre originale et massive (près de 1500 pages) peut se vanter d’être la seule que j’ai rachetée en français, la richesse d’imagination et de langage de Wolfe s’avérant trop difficile à appréhender en VO. C’est après avoir enfin achevé sa lecture que je choisis Terminus Est comme pseudo sur les forums, BBS, puis internet : cela résume bien l’admiration que m’inspira ce cycle (ainsi que tous les autres ouvrages de Wolfe que j’ai lu, d’ailleurs, notamment La tête de Cerbère, dont je vous parlerai un de ces jours.

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Classé dans Fantasy, Roman, SF

Bandits

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Bruce Willis et Billy-Bob Thornton, deux spécialistes en braquage, sont en taule. Bruce est beau garçon, bien bâti, gouailleur et grand coureur de jupons devant l’éternel. Billy-Bob est frêle, timide, maladroit et hypocondriaque.

Cette fine équipe profite d’une occasion inespérée de se faire la malle . Ils vont enfin pouvoir tester leur nouveau plan, qui consiste à s’inviter chez le gérant d’une agence de banque la veille du casse, à passer la soirée en famille et se rendre avec lui dès potron-minet le lendemain.

Le problème est que, même si cette méthode de travail pour le moins originale fonctionne très bien – en partie grâce à l’effet de surprise – Bruce a tendance à claquer son fric comme si demain n’existait pas,, ce qui fout en l’air le budget préparé par Billy-Bob pour leur plan de retraite : un lieu de villégiature de haut vol au Mexique. Et il n’a pas l’intention de passer les dix prochaines années à braquer des banques !

Débarque alors dans ce méli-mélo Cate Blanchett, épouse délaissée par un mari trop pris par la course du rat, qui va tomber sous le charme de Bruce avant de succomber à la finesse de Billy-Bob. Cet improbable ménage à trois, accompagné de leur chauffeur, un cascadeur amateur rêvant d’explosifs, de flammes et de cuissardes, va-t-il réussir à amasser un pactole suffisant avant l’inévitable Fort Alamo qui se profile de plus en plus à l’horizon ?

Si Cate Blanchett était déjà mon actrice préférée bien avant la sortie de ce film, Billy Bob Thornton l’est devenu grâce à sa prestation hilarante.
J’ai pensé à un passage du Trois hommes dans un bateau de Jérôme K. Jérôme où le personnage principal, après avoir lu une encyclopédie décrivant les symptômes de maladies, se croit atteint de toutes sauf l’hydarthrose des femmes de chambre – ce qui l’énerve au plus haut point – lorsque Thornton prend la place de la guichetière de la banque et la prétend atteinte de vaginite pour expliquer son absence.

Bruce Willis est aussi un acteur que j’aime beaucoup, notamment parce qu’il ne se prend pas du tout au sérieux, ce qui lui permet de jouer des rôles comme celui-ci, Levinson se moquant allègrement des films à la Die Hard.

L’entrée en scène de Cate Blanchett – après trois quarts d’heure de film! – vaudrait bien une palme, Levinson jouant astucieusement sur les couleurs rousses (les cheveux de Cate, le pont que traverse Billy Bob) et vertes (sa robe et la voiture) pour nous annoncer leur rencontre à venir.

Le film regorge d’humour et, vu les caractères tranchés des trois personnages principaux, le réalisateur peut aisément nous mener en bateau pour mieux nous surprendre plus tard. Les nombreuses scènes d’action sont entrecoupées soit par des discussions drôlatiques entre Willis et Thornton, soit par des scènes romantiques impliquant Blanchett et caricaturant les clichés du genre : en gros, on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Je passe un excellent moment chaque fois que je revois ce film (je dois bien en être à la 5 ou 6è fois) et en ai fait profiter pas mal d’ami(e)s. Bref, un des vingt films que j’emmènerais sur une île déserte – pourvu qu’elle soit équipée d’une TV!

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Classé dans Cinéma

Le monde inverti

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Le Monde inverti (titre original : The Inverted World) est un roman de science-fiction écrit par le romancier britannique Christopher Priest et publié en 1974 (Traduction de Bruno Martin) – copyright Wikipédia.

« J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. »

Helward Mann vit sur une planète inconnue dans une cité appelée Terre, laquelle présente l’étrange particularité de se déplacer lentement sur des voies de chemin de fer. Au fur et à mesure de son déplacement, les techniciens de la Guilde des voies retirent les rails situés à l’arrière de la cité pour les placer à l’avant, afin de lui permettre de continuer à avancer. Le chemin à suivre est fixé par la Guilde des topographes du futur et le but à atteindre est l’Optimum.

De la fuite en avant vers cet Optimum dépend la survie de la cité, car celle-ci se déplace continuellement et plus elle s’en éloigne plus elle subit d’étranges phénomènes, affectant l’espace et le temps.

Ainsi, Helward, qui vient d’atteindre l’âge de 1.000 km et doit raccompagner trois paysannes dans leur village, à l’extérieur de la cité, les voit-il se métamorphoser sous ses yeux, s’étirant en hauteur ou en largeur, tandis que derrière lui les ravins se comblent et les montagnes s’aplanissent.

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Classé dans Roman, SF

L’homme des jeux

Au sein de la Culture, certains jeux suscitent un grand intérêt. Il s’agit de jeux complexes, fondés sur le calcul et la stratégie.

De tous les joueurs, Jernau Gurgeh est sans conteste l’un des plus redoutables et des plus réputés. Non seulement il a remporté d’importantes victoires, mais il a aussi écrit sur la théorie des jeux. Parvenu au sommet, Gurgeh a peur de chuter : il se laisse aller à tricher, en conçoit des remords, et décide de partir à la recherche de nouveaux défis, d’un nouveau sens à son existence. (Wikipédia)

 

C’est alors que Contact, le service de renseignement de la Culture chargé des affaires extérieures, va profiter de la situation et manipuler Gurgeh afin qu’il accomplisse une mission délicate sur la planète Azad.

Jernau rechigne tout d’abord devant cette offre : la société azadienne est individualiste, hiérarchisée et barbare, sa technologie est moins avancée que celle de la Culture et le mode de reproduction implique la participation de trois genres distincts. De plus, la durée du voyage sera de cinq ans. Enfin, le jeu sacré d’Azad, lui aussi appelé Azad, semble infiniment complexe et exigeant. Mais il finit par se laisser convaincre de tenter l’aventure.

Parmi les Azadiens, Gurgeh, seul représentant de son monde, se sent quelque peu méprisé. Néanmoins, il n’en fait que peu de cas, s’efforçant de respecter les règles et les protocoles avec l’assistance d’un drone-instructeur.

Au jeu d’Azad, Gurgeh fait belle figure. Confronté à des adversaires de plus en plus redoutables, mais déstabilisés par ce nouveau venu, il ne cesse de surprendre et de gagner. Bientôt, sa progression inquiète les plus hauts dirigeants de l’Empire, qui doivent leur statut à leurs prouesses au Jeu.

Gurgeh se voit invité à cesser de jouer et sera la cible d’attentats. Envers et contre tous, il continue à progresser plus avant dans la compétition et à mettre l’Empire dans l’embarras. Au terme de son parcours, un seul adversaire pourra sauver l’honneur: l’Empereur lui-même !

Pour les Azadiens, l’Empereur se veut toujours le meilleur joueur. Gurgeh, d’abord impressionné par son jeu, est tout d’abord dominé, mais il revient bientôt dans la partie, au fur et à mesure qu’il comprend et assimile le style de jeu de son adversaire.

Ce sont donc deux mondes, deux univers qui s’opposent. Lorsque Gurgeh l’emporte, toute la structure de l’Empire s’écroule, car l’empereur, ne pouvant admettre la défaite de son système politique, emmène son élite dans sa chute.

Titre original : « The player of games »
Auteur : Ian M. Banks
Livre 2 dans le cycle de la Culture (« Consider Phlebas » étant le premier de la série).

 

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Classé dans Roman, SF, space opera

Camp de concentration

 

Louie Sacchetti, poète objecteur de conscience se retrouve dans le camp Archimède sans trop savoir pourquoi.

Dans ce futur proche, une Amérique fasciste toujours en guerre avec l’un ou l’autre ennemi (réminiscence du 1984 d’Orwell), Louie s’est retrouvé incarcéré vu son refus de servir sous les drapeaux. La dureté de cette expérience l’a poussé à signer un dangereux contrat à fin de recherche militaire, ce qui lui garantit une libération anticipée. S’il peut survivre aux expériences que l’armée lui réserve !

Très vite, Louie va être incorporé à un test d’injection de pallidine, une nouvelle substance censée développer la capacité de réflexion (clin d’oeil appuyé à « Des fleurs pour Algernon », dont je vous conseille aussi vivement la lecture). Mais l’ accroissement de l’intelligence n’est que le bon côté de l’expérience que vit Sacchetti. Bientôt, il lui faudra se rendre à l’évidence : brûler la chandelle cervicale par les deux bouts réduit aussi sérieusement l’espérance de vie.

Brillant opus, probablement mon préféré de Disch, où l’auteur peut déployer tout à loisir son talent d’écrivain au fur et à mesure que l’intelligence de ses protagonistes croît, pour finalement atteindre au génie. Avec un sens du suspense maîtrisé, il impose à son personnage une énigme insoluble, dont il finira par devenir la solution.

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Classé dans Roman, SF, Uchronie

Profession : macro-photographe

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J’ai découvert le photographe ukrainien Vyacheslav Mishchenko il y a de cela plus ou moins 3 ans sur Facebook, grâce à quelques unes de ses macro-photographies consacrées aux … escargots.  Et croyez-moi sur parole, la majorité d’entre vous risque d’hésiter avant d’écraser (ou de manger : horreur !) l’un de ces gracieux gastéropodes après avoir vu son travail.

Depuis lors, j’ai attentivement suivi sur Fessebouc  cet artiste hors du commun, qui peut passer des heures allongé aux abords d’un marécage dans l’espoir de capturer l’un ou l’autre moment animalier magique.

S’il continue à être fasciné par les escargots, Vyacheslav a depuis élargi sa palette, comme vous le prouveront les illustrations suivantes, extraites de ma collection privée.

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Mishchenko photographie aussi des paysages et des fleurs, mais c’est la vision qu’il nous donne du monde animal, inattendue et captivante, qui m’a conquis. Alors, prêt(e) à renoncer aux escargots ?

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Classé dans Conte de fées

Célia

Célia a des bras :
Je ne vous dis pas !
Elle aime l’ananas
Mais elle n’avale pas !

Des oeufs sur le plat
Je n’vous parlerai pas :
Célia n’en a pas
Et je n’m’en plains pas !

Quand elle lance sa flèche
En tendant le bras,
Son corps élastique
Me rend magenta !

Célia a tout pour
Rendre un mec gaga :
J’espère juste qu’un jour
Elle le trouvera !

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Classé dans Plume, Poésie

When she slips into bed

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I feel her as she slips into bed.
She doesn’t say a single word
Instead
She kisses my neck and
With her finger, begins writing today’s journal entry between my shoulders.
Sharing her day across my skin.
The good and bad stretching down my spine.
And when she’s done,
I’m rolled onto my back and she slowly climbs on.
I sweat her words into the sheets.

(unknown tumblr poet)

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Classé dans Poésie