Résumé de l’éditeur :
David Selig, Juif new-yorkais d’une quarantaine d’années, se considère comme un raté. Il est pourtant télépathe et pourrait profiter de ce don pour faire fortune, conquérir – et garder ! – les plus belles femmes… Mais non, rien à faire, il estime être un monstre tout juste bon à faire le nègre sur des devoirs d’étudiants, incapable de réussir sa vie. La dernière preuve en date : ce talent qu’il déteste tant, mais qui est finalement son seul lien avec le reste de l’humanité, est en train de le quitter ! Apeuré à l’idée de se retrouver seul avec lui même, Selig nous conte sa misérable existence. Grand roman psychologique, plein d’humour et de mélancolie, L’oreille interne est peut-être le plus beau livre de Robert Silverberg et à coup sûr un chef-d’œuvre de la science-fiction.
David Selig est un raté. Quadragénaire discret, célibataire, il gagne péniblement sa vie en faisant le nègre pour des étudiants fainéants. Il avait pourtant tout pour réussir, un don miraculeux, un pouvoir que bien des humains jalouseraient : Selig est télépathe. Il entend tout ce qui se passe dans la tête des gens qui l’entourent.
Depuis tout petit, il sait tout de nos mauvais jugements, de nos désirs honteux, de nos méchancetés secrètes. Son don aurait pu être pour lui un atout extraordinaire. D’ailleurs, il en a profité quelques fois, mais cela lui a joué des tours. Et les scrupules l’ont rattrapé. David se considère comme un paria, un voyeur qui, malgré lui, regarde à l’intérieur de la tête de ses contemporains, un monstre!
Comme il est difficile de sonder les pensées de la jeune femme qui vous côtoie dans le métro et de constater qu’elle ne vous a même pas remarqué. Comme il est violent d’entendre son camarade de classe penser très fort qu’il a envie de vous mettre son poing dans la gueule!
A sept ans et demi, Selig s’est retrouvé chez le psychiatre. Trop intelligent, trop malin, déroutant pour les adultes, ce gamin qui comprend tout si vite. Mais il s’est bien gardé de livrer son secret. Personne ne sait, personne ne doit savoir. Pas même ses parents.
Les rencontres de Selig l’ont conforté dans son mal-être : il y a cet autre mutant, qui fut son ami – mais dont l’assurance impertinente s’accompagnait d’une absence totale de scrupules. Il y a sa soeur, Judith, avec qui il n’a eu longtemps qu’un rapport haineux, voire destructeur. Il y a les femmes, toutes ces femmes que malgré son don il n’a pas su comprendre, ni garder.
Son don, Selig l’a toute sa vie vécu comme une tare. Mais alors quelle est cette inquiétude sourde qui l’envahit lorsque la quarantaine entamée, son pouvoir commence petit à petit à faiblir ?
Je suis entièrement d’accord avec les notes de l’éditeur : ce livre est un chef d’oeuvre de la science-fiction et l’un de mes préférés de Silverberg (et si je n’ai pas lu 50 livres de Silverberg, je n’en ai pas lu un.)
Superbement traduit par Guy Abadia – même le titre français est meilleur que la « Mort intérieure » de la VO – poignant, émouvant, parfois désespérant ou énervant car, étrangement, on se met très vite dans la peau de Selig, qui est pourtant doté d’un super-pouvoir qui devrait nous le rendre alien. Une belle étude sur la différence, une fin … apaisante.
Je le rachète régulièrement, pour ensuite l’offrir et recommencer le cycle quelques années plus tard. Fait partie des 20 livres que j’emmènerais sur une île déserte.
L’oreille interne, roman de Robert Silverberg
Titre original : Dying inside
Traduction de Guy Abadia.