John Cooper Clarke (né le 25 janvier 1949) est un poète punk britannique originaire de Salford, dans le Grand Manchester. Surnommé dans la presse « le barde de Salford », ses spectacles sont faits de déclamations énergiques et très rapides de ses poèmes. Il a été accompagné musicalement par *The Invisible Girls*, avec comme membres le producteur Martin Hannett, Pete Shelley (chanteur des Buzzcocks), Bill Nelson, Paul Burgess et Steve Hopkins. Il a fait la première partie de groupes comme The Sex Pistols, The Fall, Joy Division, The Buzzcocks, Elvis Costello et Rockpile. Plus récemment, il a ouvert pour Joe Strummer & The Mescaleros (ex-The Clash).
Durant les années 80, Clarke a lutté contre une accoutumance à l’héroïne. Il a vécu avec la chanteuse Nico durant cette période.
Il habite désormais avec sa famille (sa compagne Evie, mère de sa fille Stella, née en 1994) à Colchester, dans le Comté d’Essex (Angleterre) et il a repris des tournées régulières.
Source : wikipédia
Certains poètes, dérogeant aux règles communément acceptées, préfèrent à l’écrit d’autres moyens d’expression. C’est le cas de John Cooper Clarke, dont je tenais à vous faire partager l’une de mes chansons préférées. Mais, désireux de rendre ce poème très politisé – et toujours d’actualité, vu la situation actuelle au Royaume Uni – accessible au plus grand nombre, j’y ai joint, en bas de page, une traduction personnelle qui devrait aider à mieux l’apprécier. Notez que je ne suis pas traducteur professionnel et que la poésie est bien plus ardue à transposer dans une autre langue que la prose; certaines finesses du texte d’origine auront donc disparu en chemin, mais c’est toujours mieux que rien …
Beasley Street
Cliquez sur le lien pour ouvrir la chanson dans un nouvel onglet de votre browser
Far from crazy pavements –
the taste of silver spoons
A clinical arrangement
Far from crazy pavements –
the taste of silver spoons
A clinical arrangement
on a dirty afternoon
Where the fecal germs of Mr Freud
are rendered obsolete
The legal term is null and void
In the case of Beasley Street
In the cheap seats where murder breeds
Somebody is out of breath
Sleep is a luxury they don’t need
– a sneak preview of death
Belladonna is your flower
Manslaughter your meat
Spend a year in a couple of hours
On the edge of Beasley Street
Where the action isn’t
That’s where it is
State your position
Vacancies exist
In an X-certificate exercise
Ex-servicemen excrete
Keith Joseph smiles and a baby dies
In a box on Beasley Street
From the boarding houses and the bedsits
Full of accidents and fleas
Somebody gets it
Where the missing persons freeze
Wearing dead men’s overcoats
You can’t see their feet
A riff joint shuts – opens up
Right down on Beasley Street
Cars collide, colours clash
disaster movie stuff
For a man with a Fu Manchu moustache
Revenge is not enough
There’s a dead canary on a swivel seat
There’s a rainbow in the road
Meanwhile on Beasley Street
Silence is the code
Hot beneath the collar
an inspector calls
Where the perishing stink of squalor
impregnates the walls
the rats have all got rickets
they spit through broken teeth
The name of the game is not cricket
Caught out on Beasley Street
The hipster and his hired hat
Drive a borrowed car
Yellow socks and a pink cravat
Nothing La-di-dah
OAP, mother to be
Watch the three-piece suite
When shit-stoppered drains
and crocodile skis
are seen on Beasley Street
The kingdom of the blind
a one-eyed man is king
Beauty problems are redefined
the doorbells do not ring
A lightbulb bursts like a blister
the only form of heat
here a fellow sells his sister
down the river on Beasley Street
The boys are on the wagon
The girls are on the shelf
Their common problem is
that they’re not someone else
The dirt blows out
The dust blows in
You can’t keep it neat
It’s a fully furnished dustbin,
Sixteen Beasley Street
Vince the ageing savage
Betrays no kind of life
but the smell of yesterday’s cabbage
and the ghost of last year’s wife
through a constant haze
of deodorant sprays
he says retreat
Alsations dog the dirty days
down the middle of Beasley Street
People turn to poison
Quick as lager turns to piss
Sweethearts are physically sick
every time they kiss.
It’s a sociologist’s paradise
each day repeats
On easy, cheesy, greasy, queasy
beastly Beasley Street
Eyes dead as vicious fish
Look around for laughs
If I could have just one wish
I would be a photograph
on a permanent Monday morning
Get lost or fall asleep
When the yellow cats are yawning
Around the back of Beasley Street
Traduction
Loin des trottoirs délirants
… Et du goût des cuillères en argent
Une composition aseptisée
… Par une après-midi pourrie
Où les germes fécaux de Mr Freud
… Sont rendus obsolètes
La peine légale est nulle et non avenue
Dans le cas de … Beasley Street
Dans les places à cinq francs qui cultivent le meurtre
Quelqu’un est à bout de souffle
Le sommeil est un luxe superflu
… Une avant-première de la mort
La belladone est ta fleur
L’homicide ta viande
Passe une année en quelques heures
Au bord de Beasley Street
Là où il ne se passe rien
C’est justement là que ça se passe
Exprime ta position
Il y a des postes à pourvoir
Dans un exercice pour diplômes X
Des ex-militaires excrètent
Keith Joseph (1) sourit et un bébé meurt
dans une boîte en carton sur Beasley Street
Des pensions de famille aux chambres meublées débordant
… D’incidents et de puces
Quelqu’un se fait descendre
Là où les portés disparus crèvent de froid
emmitouflés dans les manteaux d’hommes morts
On ne voit pas leurs pieds
Une gargote ferme – une autre ouvre
En plein Beasley street
Les bagnoles se tamponnent, les couleurs jurent
un truc de film d’horreur
Pour un homme à moustache à la Fu Manchu
La vengeance n’est pas assez
Il y a un canari mort sur un fauteuil de bureau pivotant
Il y a un arc-en-ciel dans la rue
Pendant ce temps, sur Beasley Street,
La loi du silence règne
Très en colère
… Un inspecteur se pointe
Là où la puanteur indicible de la misère
… imprègne les murs
les rats sont tous rachitiques
ils crachent à travers leurs dents cassées
le nom du jeu n’est pas cricket
si tu te fais prendre sur … Beasley street
Le mec branché et son chapeau de location
Roulent dans une voiture d’emprunt
Chaussettes jaune et foulard rose
Il n’a rien d’une chochotte
Les futures mères
Regardent le costume trois pièces
Quand les pantalons moulants
Et les chaussures en croco
Déboulent sur … Beasley Street
Au royaume des aveugles
… les borgnes sont rois
les questions de beauté prennent un autre sens
… Les sonnettes ne marchent pas
Une ampoule qui éclate comme une cloque
est la seule source de chaleur
Là où un type vend sa soeur
… en bas de la rivière sur Beasley Street
Les garçons sont en manque
Les filles trop vieilles pour le mariage
Leur problème commun est
… De ne pas être quelqu’un d’autre
Le vent fait sortir la saleté
Et rentrer la poussière
Impossible de garder quelque chose propre
C’est une poubelle meublée
… au 16, Beasley Street
Vince le sauvage vieillissant
Ne trahit aucun genre de vie
… Sauf l’odeur du chou de la veille
Et le fantôme de l’épouse de l’année dernière
A travers un brouillard permanent
De sprays déodorants
Il dit … barres-toi
Les chiens-loups harcèlent les sales journées
au milieu de Beasley Street
Les gens se tranforment en poisons
Aussi vite que la bière en pisse
Les amoureux sont littéralement malades
Chaque fois qu’ils s’embrassent
C’est un paradis pour sociologue
Toutes les journées se ressemblent
Désagréable, ringarde, suintant la graisse, nauséeuse
… Bestiale, Beasley Street
Les yeux morts comme des poissons vicieux
Sont à la recherche de divertissement
Si j’avais un souhait à exaucer
Je serais une photographie
Par un lundi matin indélébile
Barres-toi ou endors-toi
quand les chats jaunes baillent
à l’arrière de Beasley Street.
(1) parlementaire britannique, ministre sous trois gouvernements (Harold Macmillan, Edward Heath et Margaret Thatcher) dans les années 1970 et 1980. Il est considéré comme l’éminence grise de l’élaboration du thatchérisme.
Et pour les anglophones parmi vous, voici un Documentaire d’une heure (de la BBC) consacré à cet artiste, source d’inspiration pour beaucoup.